Partir-revenir-repartir
2022
Vidéo
9’33
en boucle
Le
développement des routes au Kirghizistan est fortement marqué par les
contraintes topographiques. Mise à part quelques grands axes entre les villes,
les chemins agricoles ou les petites routes sont en très mauvais état : gravillonnées
ou en terre battue, elles serpentent au fond des vallées puis remontent les
cols à plus de 3000 mètres d’altitude. Nous sillonnions le pays en Marchroutkaou en voiture, pendant des heures, les yeux rivés sur les paysages qui défilent.
Extrait du carnet de voyage :
Juillet
2022, Kotchkor,
Pour
remplir les taxis, les chauffeurs crient leurs destinations à la volée, Kotchkor,
Kotchkor, Kotchkor, Kotchkor !
Nous attendons
patiemment le départ, les bagages s’entassent à l’arrière : des sacs de
courses bien remplis, du pain, des poussins en cage et des pièces mécaniques
couvertes de graisse noire.
Gula et Maxime conversent
joyeusement, à l’aide de dessins et d’un guide franco-russe. Chacun leurs
tours, ils choisissent ce qu’ils souhaitent partager, dans la limite des
phrases standard proposées par le guide. Leur satisfaction est immense
lorsqu’un message est passé.
Une heure et demie plus
tard, la voiture file à toute allure direction l’ouest, longeant la frontière
Kazakh. Tous les passagers sont assoupis, le chauffeur concentré se penche en
avant, jusqu’à s’allonger sur le volant et fixe la route devant lui.
J’aperçois les
gardes-frontières du haut de leurs tours scruter l’horizon.
La vitre teintée de la
voiture transforme le paysage en carte postale aux couleurs sépia. De temps à
autre, je me penche en avant pour voir les vraies couleurs à travers le
pare-brise, plus crues, plus blanches. Les montagnes Kazakh sont nues, la
végétation est sèche et le soleil tape fort, anéantissant tout relief.
Un
ruisseau accompagne la route sinueuse dans la descente. Nous filons à toute
vitesse direction Naryn, le chauffeur double sans hésitation et sans
visibilité. Les éleveurs ont installé leurs campements pour les estives.
Je
prends l’habitude des rues en terre battue, de la chaleur assommante du soleil
et de l’odeur irritante des vieilles voitures qui peinent à poursuivre leur
route en crachant et en fumant. Lorsqu’il y a une panne, les passants s’arrêtent
spontanément pour prêter main forte, poussant collectivement le véhicule
jusqu’au redémarrage.